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Bolivie et Pérou

« Sans doute que nous confronter à quelque chose d’éternel, qui nous a

précédés et qui nous survivra, mais aussi dont nous faisons partie [...], nous

aide inconsciemment à recalibrer nos souffrances. »

- Christophe André dans son livre Les états d'âme

Repartir
en solo.

 

Le 7 juillet 2022, un an jour pour jour après qu’un événement inattendu ait bouleversé mon existence, mes parents me déposent à Montréal-Trudeau. Dans ma poche : un aller simple pour la Bolivie. Je compte en profiter pour aller au Chili ou en Argentine ou au Pérou ou whatever. Tout ce dont j'ai envie, c'est de me retrouver au bout du monde, là où j'ai la ferme conviction d'être à la bonne place.

 

Je suis beaucoup plus nerveuse qu’à mon premier départ en solo; je sais maintenant tout ce que voyager seule peut parfois impliquer. Et on parle quand même de l'Amérique du Sud : la prudence sera de mise et je devrai faire avec l'altitude, le froid et l'espagnol qui risque de rendre toute communication difficile. Bref, j’ai la chienne. Mais il paraîtrait que le courage n’est pas de n'avoir peur de rien, mais d'être capable de faire face à ses peurs.

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Take my
breath away,

Bolivie.

L’aéroport international de La Paz s’appelle El Alto. Je suis poche en espagnol, mais je comprends que ça veut dire que c’est haut : 4062 mètres, pour être précise. La Paz est la plus haute capitale du monde et l’hypoxie frappe de plein fouet dès qu'on sort de l'avion. À 4 h du matin dans le taxi, c’est Take my breath away à la radio.

 

Avant même d'être acclimatée, je me retrouve à 4700 mètres sur un vélo trop grand, « prête » à dévaler la route des Yungas, alias la route de la mort. Ça vaut la peine de Googler. Réussissant l'exploit de ne pas m'écraser au fond du précipice avec les véhicules qui s'y trouvent déjà, je pars pour l’Isla del Sol sur le Lac Titicaca, le plus haut lac navigable du monde. I get it : y’a rien qui ne soit pas haut, en Bolivie. De retour à La Paz, je m’essaie pour une ascension jusqu’à la Laguna Esmeralda, à 5000 mètres d'altitude. La seule fois où je me suis retrouvée si haut, c'était en Équateur et ça s'est crissement mal passé. Je suis ensuite appelée par la découverte du parc national de Sajama, même si l’organisation du transport est particulièrement stressante; les paysages semblent cependant trop sensationnels pour que je m'en passe. Un chauffeur de bus me dompe le long de l’autoroute au petit matin et j’arrive à trouver le seul collectivo de la journée qui se rend au parc. Le volcan Sajama est le plus haut sommet de la Bolivie : 6542 mètres. En face, le Parinacota et le Pomerape sont à cheval avec le Chili. Je me tape par la suite la ride de bus de nuit que tout le monde redoute, moi comprise, en direction de Rurrenabaque, la porte d'entrée de l'Amazonie. Je m’aventure dans le parc national de Madidi, répertorié parmi les endroits les plus dangereux de la planète, et après avoir échappé à une attaque de Bushmaster en pleine nuit (ça vaut aussi la peine de Googler), je pars pour la pampa. J'y laisse toute mon acclimatation si durement gagnée avant de retourner à 4440 mètres dans le village de Tuni au pied de la Cordillère Royale, où je tente l’ascension du Pico Austria, un sommet de 5350 mètres.

Au terme d'un détour par les vignobles de Tarija, j'entame à Tupiza l’aventure qui est le highlight de bien des voyages en Bolivie : le tour de la province du Sud Lipez et la visite du Salar de Uyuni, le plus grand désert de sel du monde. Les paysages varient entre lagunes colorées et étendues désertiques, en passant par des volcans enneigés et des geysers apocalyptiques. Après deux-trois nuits sous la barre des -15 °C, je vais reprendre des forces à Sucre, où je peux enfin ranger ma tuque et mes combines. Je dévalise le kiosque de sandwichs au chorizo du marché local, puis entreprends 30 jours de volontariat dans un refuge d’animaux sauvages à Samaipata, où j'apprends que j'ai peur des oiseaux. L'ornithophobie, que ça s'appelle.

 

Et à quelques jours de l'expiration de mon visa, je dois prendre une décision : où c'est que je m’en vais? Je pose la question au sens propre et figuré.

Dans les
montagnes
du Pérou.

Je trouvais que le Chili était cher. L’Argentine m’a tentée, mais après trois mois en Amérique du Sud, j’avais peur que les paysages finissent par se ressembler. Peut-être que je devrais rentrer à la maison et repartir en Asie dans quelques mois? God, les billets vers Montréal sont rendus chers. Mais tiens donc, c’est presque moitié prix depuis Lima. Et si j'allais passer un mois au Pérou?

Depuis La Paz, j'entame une interminable ride de bus jusqu’à Cusco. Au poste frontalier, la personne censée nous prendre en charge en est à son premier jour de travail. Il veut nous faire quitter le pays plus ou moins légalement et réussit à perdre le bus dans lequel se trouvent tous nos bagages. Résultat : il est presque minuit lorsqu’on arrive au terminus de Cusco et je suis vraiment stressée de me retrouver toute seule ici à une heure pareille. La carte que j’ai téléchargée hors connexion sur Google Maps ne fonctionne pas et le chauffeur de taxi (que j'espère être un vrai) ne trouve pas mon hôtel.

 

Après un Pisco Sour (double) et un ceviche au marché local de San Pedro, je me lance à la découverte de la forteresse inca d'Ollantaytambo, dans la vallée sacrée. S'impose ensuite un passage par Palcoyo, l'autre Rainbow Mountain sans les touristes (ou presque), d'où j’aperçois le Nevado Ausangate. Je peine à croire que dans une semaine, je serai en train d'en faire le tour. D'ici là, j'amorce le trek du Salkantay qui me mènera au Machu Picchu au terme de cinq jours de marche. Le col à 4700 mètres de la deuxième journée suivi des 2000 mètres de dénivelé négatif me laissent avec des ampoules abominables. Après une visite de la fameuse cité inca qui commence sous le signe du déluge, j’ai 24 heures de repos avant de me lancer dans le trek de l’Ausangate; à quoi est-ce que j'ai pensé? On aura trois cols à plus de 5100 mètres à traverser et on dormira en tente à des températures frôlant le point de congélation. Je ne sais pas si le collier censé me protéger de tout que j'ai acheté à Cusco y est pour quelque chose, mais dans le groupe que j’ai réussi à former en rapatriant des francophones via Facebook se trouvent un urgentologue, une physio, une ostéo et une ambulancière d’Alma. Ce trek m'amène devant des paysages qui sont parmi les plus exceptionnels de ma vie. Et je commence à en avoir vu, des belles affaires.

 

Un massage de jambes plus tard, je reprends la route vers Ayacucho en passant par la ville d'Abancay. Dans la camionnette, je réalise que celle-ci fait partie des endroits à éviter pour cause de terrorisme national et d’activités criminelles liées au trafic de drogue. Tout ça pour aller aux eaux turquoise de Millpu auxquelles je ne peux finalement jamais me rendre. Après un saut par le Pacifique, j'entame un long trajet en direction de la ville de Huaraz, dans une région montagneuse d'où on peut apercevoir le Huascarán, deuxième plus haut sommet de la Cordillère des Andes. Il n'y a pas de meilleur endroit pour terminer cette aventure que dans les montagnes qui, depuis quatre mois, m'offrent un regard transformé sur moi-même.

Résumé de l'itinéraire

Bolivie (87 jours)

La Paz - Isla del Sol sur le lac Titicaca - La Paz - Parc national de Sajama - La Paz - Rurrenabaque et l'Amazonie (selva et pampa) - Tuni - La Paz encore - Tarija - Tupiza - Sud Lipez - Uyuni - Sucre - Samaipata - Santa Cruz - La Paz

Cusco - Ollantaytambo - Trek du Salkantay - Machu Picchu - Cusco - Tinki et trek de l'Ausangate - Cusco - Abancay - Ayacucho - Lima - Huaraz - Lima

Pérou (33 jours)

Coups de coeur

Définitivement le trek de l'Ausangate. Coup de coeur aussi pour le trek du Salkantay. La route de la mort à vélo en Bolivie, mon passage à La Maison d'Andres à Tuni, le parc national de Sajama et le tour de la province du Sud Lipez.

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